À quoi on joue ?

Pourquoi partir en voyage si votre but est uniquement de vous filmer ou de faire des selfies ? Quel intérêt de payer un concert de musique pour passer la soirée derrière votre écran ? A quoi cela sert d’avoir 100 ami(e)s sur un quelconque réseau social si vous restez chez vous, seul, sans connaissance autre que vos collègues de bureau (quand vous en avez) ? Qu’avez-vous du temps à perdre à passer vos moments de liberté à envoyer des messages futiles à des gens qui les lisent à peine ? quand vous n’envoyez pas votre haine, votre jalousie ou votre peur à la figure de pauvres hères sans défense ? à moins que vous n’en soyez victimes ? Ce sont donc des moments si précieux, que jour après jour, collés à votre smartphone, vous en oubliez que le monde bouge, vit, change ? Que des merveilles aussi banales qu’un levé de lune ou une rixe de chats vous indiffèrent alors que vous ne rateriez pour rien au monde le Tweet ou la photo qui va faire le buzz… durant l’heure à venir ! Je ne comprends pas ce nouveau monde… et je suis bien heureuse dans le mien ! Mais au-delà de ses considérations terre-à-terre, relevant du choix de mode de vie de chacun, si on observe le phénomène dans son ensemble, il est bien triste de découvrir que la technologie et sa course effrénée vers le « toujours plus », nous abêtit, nous détache de notre humanité, nous entraine non vers un progrès mais bel et bien vers notre déchéance. La technologie nous abêtit : on clique sans plus chercher à comprendre comment cela fonctionne. Si l’appareil tombe en panne, on en achète un autre. On privilégie le ludique, le divertissement, le superficiel. Toujours l’instantanéité sans se demander où tout cela nous mène. La technologie nous détache de notre humanité : on privilégie les échanges numériques aux contacts réels, plus sécures car ils offrent la possibilité de se cacher derrière un avatar. On s’éloigne aussi de notre Nature, se désolidarisant de notre environnement, pliant le monde à notre vision unique. La technologie nous entraine non vers un progrès mais bel et bien vers notre déchéance : notre civilisation ne fait plus aucun effort pour s’améliorer, elle surfe sur ses acquis, s’accroche à un passé dépassé, se replie sur elle-même, s’isole. Trop concentré sur une seule et unique technologie celle de l’informatique, du tout numérique. Sans sauvegarde. Si pratique au quotidien. Si dangereux aussi si le système venait à s’écrouler : une méga panne causée par un vent solaire particulièrement puissant ou une bombe malveillante ou la nature, comme dans Ravage de Barjavel, qui reprend ses droits. Bienvenue alors dans un monde de chaos avec la majorité des gens qui tentent de faire du feu avec la lampe de leur smartphone, qui meurent de faim faute de pouvoir commander sur une plateforme quelconque, qui périssent enfermés dans un ascenseur devenu cercueil. On aura beau appuyer sur les boutons, cela ne changera rien à l’affaire. Souhaitons juste que cet instant n’arrive jamais, car autant les crocodiles y survivront autant l’espèce humaine, du moins celle dite « développée », c’est moins sûr !

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