je vote donc je suis...

J’ai toujours mis un point d’honneur à aller voter : parce que je suis une femme et que cela ne fait guère longtemps que nous avons conquis ce droit, plus généralement, parce que ce bout de papier dans l’urne et ce slogan « une personne une voix » est un privilège de nos sociétés démocratiques, plus rares que ce qu’on l’imagine, parce que le vote est une des seules formes directes d’expression légales et légitimes. Donc s’exprimer à travers son bulletin de vote est essentiel à la bonne tenue de notre démocratie. Or, me voilà fort dépourvue l’âge venu : je prends conscience que mon vote si précieux est galvaudé. Il ne représente plus ce qu’il incarne. Pire parfois il sert une autre cause ou encore, horreur de chez horreur, il est balayé, jeté à la poubelle et tout simplement ignoré. Oui, rappelez-vous le référendum de 2005 : les français disent non. Et que se passe-t-il ? le traité européen revient par la petite porte et est ratifié malgré notre désaccord. Y a de quoi vous refroidir, non ? Pour ce qui est des dernières élections : qui a entendu parler des cantonales ? avez-vous assisté à des débats abordant les sujets propres aux régionales : éducation, transport, gestion des territoires… Non, Sécurité, Sécurité, Sécurité ! Encore et toujours la même rengaine ! les faits divers les plus sordides font la une des journaux, les débats sur le sujet s’enchainent, comme les petites phrases nauséabondes d’ailleurs. Et s’installe un climat de peur et de haine de l’autre rendant inaudible tout autre discours. Tout ça pour « gagner » facilement les élections. Je ne supporte plus d'ailleurs ces termes de conquête dans la bouche de nos élus qui se croient au-dessus de nous, qui comparent des élections à une bataille qu’on gagne, qui nous prennent donc pour des pions, nous manipulant pour faire leur jeu. Certes, c’est un combat, celui des idées, d’une vision de la société, d’une philosophie. Enfin, cela l’était. Nous voyons bien que depuis fort longtemps, cela ne se résume qu’à un combat d’hommes (parfois de femmes) avec leurs égos, leurs ambitions de pouvoir mais guère de convictions politiques fortes (la preuve, ils changent de parti quand le vent tourne). Comment voulez-vous vous identifier à une personnalité si elle n’est pas porteuse de valeurs profondes, évoluant certes avec la société mais prônant une ligne directive claire. Mais là, c’est la foire d’empoigne, chacun y va de ses arguments opportunistes et parfois fallacieux juste pour Gagner. Et après ? Avec le temps, les divers mouvements sociaux, les évolutions sociétales ou même les évènements traumatiques comme les attentats, on pourrait penser, et on le croit sur le moment, que cela va faire bouger les lignes, qu’une nouvelle génération de représentants (ce que sont les politiques, rappelons-le) apparaitra et nous proposera une autre façon, plus juste et égalitaire, de gérer la vie de tous au sein de notre société. Mais non. Rien. Nada. Que Dalle. On prend les même et on recommence et les jeunes ou nouveaux acteurs et actrices politiques ne valent pas mieux. Alors voter me direz-vous ? oui, pour le symbole mais quand on voit les choix proposés, cela ne fait non seulement pas rêver (la preuve, nous avons tendance à voter plutôt contre que pour quelqu'un) mais cela semble de plus en plus illusoire. Il faudrait donc changer le système mais à l’heure de la mondialisation où tout est imbriqué, cela semble un doux rêve. Pourtant l’histoire nous a montré que de grands changements sont toujours possibles. Donc en attendant, espérons et… râlons, montrons notre mécontentent, poussons le système à évoluer pour le bien de tous et pas que pour une « élite auto-désignée ». L’espoir fait vivre, et même si, en France, nous ne sommes pas les plus mal lotis, il ne coûte rien de rêver à mieux.

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