Il est un phénomène qui tend à remettre en cause un principe basique et largement utilisé : celui que le plus grand nombre l’emporte. Je n’ai jamais cru que le bien de tous reposait exclusivement sur cette notion de majorité même si, sur le principe, on peut légitimement penser qu’une décision prise à la majorité contente le plus grand nombre. Mais qui vote ? Comment ? Quel type de calcul est utilisé ?... (Là, c’est un autre débat) D’écouter et tenir compte de l’avis de l’ensemble des intéressés permet tout de même d’aboutir à une décision plus juste, modéré et équilibré. Plus en tout cas que dans le cas d’une décision prise de façon arbitraire et unilatérale. Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, ces voix dites « minoritaires » peuvent donc aujourd’hui avoir une tribune, faire entendre leur point de vue, pointer du doigt des injustices et tenter de les faire disparaitre, bref faire évoluer la société pour le bien de tous. Or, la nature humaine étant ainsi faite, de mon propre avis, seuls ceux qui ont vraiment quelque chose à revendiquer s’expriment. Et souvent de façon virulente. C’est la loi du plus fort qui prime ici. Seuls le tweet agressif, le message provocateur, l’image choc émergeront de la nasse et se feront connaitre du plus grand nombre. Et en effet, succombant aux sirènes de l’information sensationnelle dite « putaclic » qui rapporte des vues et de l’audience, nos médias n’hésitent pas à relayer ce genre de message, sans filtre ni analyse constructive. Sans parler de nos politiques qui, pour faire moderne et branché, participent eux aussi à la mise en lumière de ces épiphénomènes, que ce soit, par exemple, la cancel culture, le mouvement de la neutralité du genre ou encore l’écriture inclusive (pour ne citer que ceux-là).. Surprise, désorientée, voire impuissante, « la pensée majoritaire » se retrouve presque réduite au silence car, si elle a le malheur de se défendre, elle est aussitôt accusée d’être la « mal-pensante », voire « l’oppresseur », celle qui du haut de son « M » majuscule est incapable de comprendre le « m » minuscule. Or, au lieu de nourrir le débat démocratique, d’apporter des arguments valables et utiles, ces individus, avec leurs messages provocateurs et virulents, travestissent et desservent de fait la cause qu’ils disent défendre, que ce soit les mouvements féministes, LGBT…, ethniques, etc… leur faisant ainsi une mauvaise publicité (mais qui reste, hélas, une publicité). Ils ne cherchent que la vitrine médiatique, le troll voire une façon de s’affirmer au détriment des autres, de tous les autres. Les solutions, à part de ne pas relayer ce genre de messages ou alors avec moultes réserves, mettre plus en avant les actions positives et valorisantes des mouvements minoritaires, éduquer dès le plus jeune âge les individus à trier, comparer, bref apprendre à s’informer intelligemment… Mais aussi, revoir peut-être nos institutions qui ne répondent plus à nos attentes et qui laissent un grand vide et donc la place à toute forme de dérives identitaires réactionnaires, à terme dangereuses non seulement pour la Démocratie mais aussi et surtout, de façon plus fondamentale, pour le bien vivre ensemble.
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